«En milieu soninké, lorsqu’on n’excelle pas dans les études, on pense aller en France.» En substance c’est le message lancé par monsieur Konate lors de notre entretien téléphonique.Originaire du département de Bakel, Djibril est un homme d’esprit tellement détaché qui croit à ses principes et valeurs. Après ses études primaires et secondaires, Djibril Konaté est venu à Dakar avec un seul et unique objectif, rejoindre le pays de Marianne.
Malheureusement son projet pour la France s’est fondu comme du beurre sous le soleil.
Grandi sous les ailes protectrices de son oncle, qui fut magistrats à l’époque. En dépit, de son courage en bandoulière, le sieur continue à conjuguer les efforts. Il a commencé par apprendre la mécanique. Mais avec l’avènement des télécentres vers les années 1996 à Dakar et d’internet vers les années 2000. Il gère d’abord une cabine téléphonique puis un cybercafé. Ce secteur est devenu saturé compte tenu de la prolifération des cybercafés dans les coins et recoins de la capitale.
Loin de son patelin, Djibril Konaté cherche la voie pour s’en sortir, car ces projets ont subi en plein fouet un sacré coup. Il est dans le qui-vive, déboussolé et désemparé. Monsieur Konate ne sait plus à quel saint se vouer.
Ainsi, après avoir passé 27 ans à Dakar, Djibril décide de rentrer au bercail avec, une seule idée pour confier ses projets à la terre qui ne ment pas selon l’adage. En guise d’explication de son choix, il prend exemple sur Samba Ka, le Président des Organisations Paysannes. « Monsieur Kane m’a servi de parrain dans ce domaine. En effet, il m’a transmis le goût pour le maraîchage», raconte-t-il.
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Pour assouvir son envie dans le milieu, monsieur Konate novice, qu’il est, a emblavé un lapin de terre en cultivant du piment, variété 0.25. « Je disposais à l’époque d’une petite motopompe à essence qui coutait 150.000 FCFA. J’ai réussi à me faire connaître dans le milieu lors de ma première campagne agricole. Pour ma deuxième campagne, j’ai non seulement acheté de grandes motopompes à gasoil, mais j’ai aussi cultivé 1 ha. Je possède actuellement 2 ha de terres et j’y cultive du piment, des oignons, des tomates, du concombre, du poivre. Toutefois, la culture des deux premiers produits agricoles reste mon activité de prédilection», a-t-il soutenu.
Il précise avoir reçu un financement de la part de l’ONG Enda.Aujourd’hui, monsieur Konaté capitalise vingt ans d’expériences en cohabitation avec la nature dans le secteur du maraichage avec bonheur. Parallèlement à ses activités agricoles, Djibril s’est taillé une place de choix comme relais au sein de l’Ong Enda Lead Afrique francophone avec comme coordonnateur Thierno Bal.
Poursuivant, le monsieur n’a pas caché la philanthropie de ce dernier. «Thierno Bal nous a beaucoup aidé en nous octroyant des motopompes. A travers ces dons, l’objectif visé par cette Ong est de pousser les maraîchers à adopter le système d’irrigation dit tuyauterie. Enda Lead a aussi permis à celles et à ceux qui disposent de terrains plats, notamment les femmes qui évoluent dans des groupements, de mettre en place le système d’irrigation goutte à goutte sur leurs jardins», se réjouit l’agriculteur. Avant d’ajouter que «les défis auxquels nous faisons face aujourd’hui sont la commercialisation et la transformation des produits agricoles», a-t-il conclu.
Djibrirou Mbaye, journaliste