Beaucoup de malentendus semblent émaner de l’incongruité apparente entre l’agenda de la justice propre à la Cour Pénale Internationale (CPI) et l’agenda de la réconciliation propre aux Etats. Les deux peuvent aller ensemble. C’est l’avis du magistrat sénégalais, Mame Mandiaye Niang. Le procureur général adjoint de la cour pénale internationale s’est exprimé pendant la conférence de Dakar. La rencontre internationale avait pour thème : «Cour pénale internationale et justice nationale dans la lutte contre l’impunité des crimes du Statut de Rome et d’autres crimes graves ou connexes : Enjeux, défis et perspectives de la coopération et de la complémentarité». Il ajoute que « le traité de Rome ne prévoit rien mais il est parfaitement possible que le procureur en parfaite intelligence avec les instances africaines dans le strict respect de son indépendance fasse preuve de justice et de réconciliation. C’est d’ailleurs en ce respect et cette considération que le procureur invite l’Afrique ».
En effet, la CPI est une juridiction de dernier ressort parce que les juridictions nationales doivent avoir la priorité. L’option de pouvoir faire face à une juridiction régionale ou sous régionale doit être encouragée. Toute juridiction qui rend plus proche la justice des justiciables doit être encouragée surtout pour que les victimes obtiennent gain de cause.
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À en croire le magistrat, par delà l’image et la perception, la réalité est que l’Afrique a besoin de la CPI pour rendre justice aux victimes de crimes de masse et la cour a besoin de l’Afrique pour rester pertinente. Raison pour laquelle la Cour souhaite l’engagement d’un dialogue franc avec l’Afrique. L’idée est de renforcer la coopération dans le cadre d’une complémentarité dynamique et effective. « L’Afrique réclame certes la justice contre les crimes de masse mais est également soucieuse de son image. Elle ne veut pas faire figure de paria ni de mouton noir du reste du monde. Elle joue son rôle de triangle exclusif de la CPI ».
La coopération et la complémentarité dans le dispositif du traité de Rome, note le magistrat, sont des éléments complexes. Surtout quand on les aborde dans notre continent. L’Afrique, dit-il, est le groupe géographique le plus représentatif au sein de l’assemblée des États partis. Elle a été paradoxalement l’une des voix les plus critiques de la CPI, ces dernières années. S’agissant du Sénégal, le procureur adjoint a soutenu qu’il a joué un rôle avant-gardiste dans le fonctionnement effectif de la cour pénale internationale.