A l’occasion de la Journée mondiale de la liberté de presse célébrée hier, mardi 3 mai 2022, le président de la République, Macky Sall, a rendu «hommage aux journalistes» pour leur contribution à la promotion de la liberté d’expression, dans des «conditions parfois difficiles». Aussi a-t-il souligné que la liberté de la presse est «la base» de son action de tous les jours, en ce sens qu’elle est «garante d’une société démocratique et juste». Une adresse aux professionnels des média trahie par la situation de la liberté de la presse qualifiée de «problématique» et le classement 2022 du Sénégal par Reporters sans frontières (RSF).
«Je rends hommage aux journalistes qui contribuent, par leur travail, parfois dans des conditions difficiles, à promouvoir la liberté d’expression.» C’est le Chef de l’Etat Macky Sall qui apprécie ainsi le travail des professionnels des médias, à l’occasion de la Journée mondiale de la liberté de presse célébrée chaque année le 3 mai. Dans un message Twitter, publié hier mardi à cet effet, le président Sall confie que la liberté de presse, garante d’une société démocratique, est à la base de ses actions de tous les jours. «Parce que la liberté de la presse est garante d’une société démocratique et juste, elle est à la base de mon action de tous les jours», a posté Macky Sall.
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Un hommage et une volonté présidentielle exprimée trahis et ternis par une réalité de terrain vue par Reporters sans frontières (RSF) qui qualifie la situation de la liberté de la presse de «problématique» au Sénégal. Dans le Rapport 2022 de RSF portant classement des pays en matière de liberté de la presse, le pays de la «Teranga» a beaucoup reculé, se situant à la 73e place, sur 180 pays, soit une perte de 24 places par rapport à celui de 2021. Pis encore, le Sénégal, réputé pour sa stabilité et sa démocratie, est même largement devancé, dans ce classement, par nombre de ses voisins de la sous-région ouest africaine notamment le Cap-Vert (36e), la Côte d’Ivoire (37e), le Burkina Faso (41e), la Sierra-Léone (46e), la Gambie (50e), le Niger (59e) et le Ghana (60e).
En effet, malgré des avancés, avec l’adoption d’un nouveau Code de la presse amendé (la disposition sur la dépénalisation des délits de presse extirpée) après presqu’une décennie dans le circuit, l’effectivité de la Carte nationale de la presse qui entrera en vigueur dans un peu moins d’un mois, en juin 2022, en plus d’un bloc de constitutionnalité (Constitution) intégrant un certain nombre d’instruments conventionnels garantissant la liberté d’expression et d’opinion et le droit d’accès à l’information, notre pays peine encore à se doter d’une loi sur l’accès à l’information. La législation au Sénégal est en «avance» sur le droit à l’accès à l’information, certes, mais notre pays ne dispose pas encore d’une loi sur cette question. Ce qui plombe ce droit d’accès à l’information, un droit fondamental au regard du dispositif législatif national.
ABSENCE DE VOLONTE POLITIQUE POUR L’ADOPTION D’UNE LOI D’ACCES UNIVERSEL A L’INFORMATION
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Réclamée par les acteurs depuis plusieurs années et toujours dans le circuit selon les autorités, l’effectivité d’une telle loi bute sur un manque de volonté politique avérée pour faire évoluer les choses, l’instabilité gouvernementale, et le portage institutionnel, a relevé Dr Sylla Sow, lors d’une conférence publique, le mardi 27 avril, à l’initiative de l’EJICOM et axée sur «Droit d’accès à l’information, loi d’accès à l’information : état des lieux». Une absence de loi qui, en plus d’exposer les journalistes à la menace de poursuites judiciaires pour «diffusion de fausses nouvelles», «recèle de documents», etc. les freinent dans la réalisation de grands dossiers, dans les enquêtes et investigations sur des sujets brûlants, entre autres.
D’ailleurs, un an plus tôt, à l’occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse, célébrée le lundi 03 mai 2021 avec comme thème : «L’information comme bien public», la Coordination des associations de presse (CAP) avait organisé un sit-in devant le ministère de la Culture et de la Communication, pour dénoncer les «Menaces, violences et précarité de la presse». Un rassemblement mis à profit par le Secrétaire général du Syndicat des professionnels de l’information et de la communication du Sénégal (SYNPICS), Bamba Kassé, pour «réclamer une loi d’accès universel à l’information», en plus de la mise en place de la Haute autorité de régulation de la communication audiovisuelle (HARCA), en remplacement du Conseil national de régulation de l’audiovisuel (CNRA), conformément aux dispositions du nouveau Code de la presse, et le respect de la Convention collective des journalistes.
I.DIALLO