Les Camerounais commémorent ce 20 mai la 48è édition de la Fête de l’Unité devenue jour de célébration de la Fête Nationale du pays dans un contexte sociopolitique marqué par des relents sécessionnistes.
Fait exceptionnel. Ce 20 mai 2020, les Camerounais ne célébreront pas dans la liesse populaire, les festivités marquant la 48è édition de la fête Nationale. En raison de la pandémie du Coronavirus, les autorités ont annulé l’aspect festif marqué notamment par le défilé civil et la parade militaire, sans oublier les autres manifestations qui ont souvent agrémenté cette célébration.
Depuis l’institution de la fête de l’Unité le 20 mai 1972, c’est pour la seconde fois dans l’histoire que les Camerounais ne font pas fêter. La première fois, c’était le 20 mai 1984 au lendemain du putsch manqué contre le Président Paul Biya le 06 avril 1984.
Un coup d’état fomenté par des éléments de la Garde présidentielle restés fidèles à l’ancien Président Amadou Ahidjo qui dirigea le pays de la proclamation de l’indépendance le 1er janvier 1960 à sa démission le 04 novembre 1982, avant de passer le pouvoir à son « successeur constitutionnel » Paul Biya, alors Premier ministre.
Près d’un demi-siècle plus tard, cette Unité nationale a connu des soubresauts et dont l’exemple le plus illustratif se traduit par la situation sociopolitique tendue dans les régions anglophones du Nord-ouest et du Sud-ouest, en butte à des violences sécessionnistes depuis 2016.
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Des Camerounais de culture anglophone qui représentent 20 % de la population du pays peuplant ces régions militent pour leur indépendance, à cause de la volonté de la majorité francophone, de les assimiler estiment-ils.
Des activistes aidés par une diaspora vivant notamment aux Etats-Unis, en Europe et au Nigeria voisin ont poussé des compatriotes à prendre des armes contre leur patrie dans le but de proclamer l’indépendance sous l’appellation de la « République d’Ambazonie ».
Une démarche vouée à l’échec, d’autant que l’écrasante majorité des Camerounais, y compris dans les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest (NOSO) sont foncièrement hostiles à toute partition du pays. Sur ce plan, même des acteurs politiques les plus virulents vis-à-vis du régime sont unanimes quant à la nécessité de préserver l’intégralité territoriale du pays.
Tout au plus, des acteurs politiques et de la société civile sont largement favorables pour la décentralisation, d’aucuns invoquant même le fédéralisme pour mettre fin au centralisme actuel, considéré par beaucoup comme un frein au développement.
Toujours est-il que pour sortir de la crise sociopolitique qui secoue le Cameroun, le Chef de l’Etat Paul Biya a convoqué le Grand dialogue national (GDN) du 30 septembre au 04 octobre 2019 où plusieurs résolutions ont été prises, dont celle attribuant le statut spécial aux régions du Nord-ouest et du Sud-ouest.
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Dans la foulée, le Gouvernement avec l’appui du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) a annoncé la mise sur pied du plan de reconstruction du NOSO qui a pour objectif de réhabiliter et d’aménager les infrastructures de base, d’œuvrer à la revitalisation économique et à la promotion de la cohésion sociale des régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest.
Doté de 90 milliards de FCFA, la première phase concerne les zones pacifiées où 36 milliards de FCFA seront dégagés dès les prochaines semaines pour son implémentation.
Malgré des efforts des pouvoirs publics visant à ramener la paix dans le NOSO, des bandes armées – sans véritable idéologie – écument cette partie du pays et continuent de terroriser la population, multipliant les vols, viols, assassinats et autres destructions de biens. Reste à espérer qu’en cette veille de Fête nationale, le Président Biya qui s’adressera à la Nation comme il l’a indiqué lui-même ce jour dans un tweet, apportera plus d’apaisement pour une véritable réconciliation au moment où les Camerounais à l’instar des autres pays font face à la pandémie du COVID-19.
Financial Afrique