On va démarrer par votre parti « Forces nouvelles » et son positionnement dans le paysage politique actuelle. Que pouvez-vous nous en dire?
Ce parti est légalement constitué et il est membre de la coalition présidentielle de BBY. Nous sommes dans les 14 régions, nous participons à des activités. Cependant, nous avons constaté que tout récemment que plusieurs rencontres se sont déroulées et nous n’avons pas été conviés. Cela nous interpelle et nous interpellons le président de la République. Nous ne sommes pas un parti cabine téléphonique. Nous avons des cadres, nous avons des talents qui peuvent apporter leurs contributions comme ils l’ont fait dans le passé. Nous avions participé à la réélection du président Macky Sall et nous lui demandons de réagir.
D’après ce que vous venez de soulever est-ce que cela ne veut pas dire que la coalition ne fonctionne pas très bien en terme d’organisation?
Ce que je constate c’est que nous ne sommes pas les seuls à n’avoir été invités. Il y’a d’autres leaders de partis politiques qui éprouvent ce même sentiment de mis à l’écart. Je constate qu’il y’a des privilégiés parmi les membres de BBY et des délaissés. Toutefois, je dois dire que l’Apr est le parti majoritaire de BBY mais pour autant quand le président de la République reçoit les membres qu’on invite tous les membres à cette rencontre. C’est la raison pour laquelle j’interpelle le président Macky Sall pour qu’on essaye d’apporter une correction ou des corrections. Concernant votre question de savoir si c’est un problème de coordination ou de communication alors qu’on est dans l’ère d’élargissement de cette coalition, je dis que c’est difficile pour moi d’y répondre. Je constate seulement. Nous pensons d’ailleurs qu’il faudra dissoudre Benno Bokk Yakaar et aller vers une coalition beaucoup plus large qui va mieux répondre aux exigences du moment.
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Est-ce que votre parti a participé au dialogue politique ?
Non. Nous n’avons pas été conviés et donc nous n’avons pas participé à ce dialogue. Mais, je reconnais que c’est pertinent d’avoir ce dialogue et nous avons vu les résultats. C’est cela qui a permis au président d’aller vers une ouverture et que nous encourageons. Et nous l’encourageons à poursuivre cette ouverture parce que nous sommes en face d’un grand danger. Cette pandémie qui est mortelle et qui est une maladie avec un virus invisible. Le président Macky Sall avait parlé d’une guerre mais pour que cette guerre puisse aboutir le président a besoin de réunir tous les soldats sénégalais sans exception.
Nous avons posé cette question parce que le président avait gagné avec une large majorité. Il nous semble qu’il n’y avait pas de crise institutionnelle majeure. Pourquoi dans un Etat comme le Sénégal où il y’a une stabilité institutionnelle qu’un président de la République veuille dialoguer politiquement ?
Le dialogue est une des vertus de notre pays. Ça ne date pas du président Macky Sall. Depuis Senghor, Diouf,… à chaque fois qu’il y’a eu des difficultés, c’est par le dialogue qu’on a réglé le problème. Macky s’il a gagné ces élections mais c’est une coalition qui lui a permis de gagner. Mais, il n’était pas satisfait par cette victoire. Macky a pensé qu’il était beaucoup plus nécessaire d’avoir plus de leaders autour de lui. Par la suite, une grande épidémie s’est répandue dans le monde, le Covid-19. Macky a cru qu’il a besoin de ces leaders pour pouvoir faire face à cette pandémie. C’est pourquoi il avait appelé certaines personnalités en leur confiant comme mission d’arriver à un dialogue pour l’ensemble des forces vives du pays. Et ça a été très bonne chose car c’est ce dialogue qui a permis l’ouverture à laquelle nous assistons en ce moment. Moi je l’encourage à continuer dans ce sens. Le Sénégal a besoin de tous ces talents. (…) Nous avons suffisamment de talents pour qu’on ne traite pas avec des gens incompétents. A la tête d’un ministère ou d’une direction on ne doit mettre qu’un homme compétent, qu’un talent, qu’un homme connu pour son courage dans le travail.
Est-ce qu’il n y’a pas deux types de dialogue surtout avec ce qui s’est passé avec Idrissa Seck ? C’est-à-dire des rencontres secrètes.
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Nous avons tous été formés à l’école française et ça a toujours existé en France. Ça a toujours aussi existé au Sénégal. Quand ça traine d’un côté de manière officielle, ils utilisent d’autres voies pour arriver à des résultats qui sont ceux que nous connaissons maintenant. L’intérêt de cette ouverture est basé sur l’apaisement. Tantôt nous parlions des difficultés pour la jeunesse, l’emploi des jeunes. Le Covid-19 est là et il faut faire face à tout cela. Si on ne peut pas aider les jeunes à trouver de l’emploi, si on ne peut pas vaincre cette pandémie et que les forces vives de ce pays soient divisées, comment arriverons-nous à sauver le Sénégal de ces difficultés ? La pandémie a créé un ralentissement dans tous les secteurs. Donc, il faut une unité autour d’un général qui conduit la guerre contre l’ennemi commun.
Ce dialogue a permis l’entrée d’un certain nombre d’opposants dans le gouvernement. Mais l’opinion ne semble pas apprécier forcement ce qui s’est passé.
Ce qu’il faut reconnaître, c’est que le président Macky Sall est un grand diplomate. Il sait négocier et il a réussi à décrocher des leaders de l’opposition. Mais il faut surtout féliciter et remercier le Khalife général des Mourides qui avait préconisé, à Massalikul Jinann, l’ouverture d’une réconciliation nationale. Idrissa Seck est arrivé 2e lors de la présidentielle et il a rejoint le président. Il faut s’en féliciter. Quelle que soit la façon dont il est arrivé et les déclarations qu’il avait faites avant, il faut le féliciter. Il faut demander aussi au président Sall de poursuivre cette ouverture et pour poursuivre cette ouverture il ne s’arrêtera pas à Idy seulement. Il va aller chercher l’ensemble des talents de ce pays pour qu’ensemble nous amenions le Sénégal à l’émergence. Il faut que le président accepte d’amnistier Khalifa Sall et Karim Wade et le plus rapidement possible. Ce sont des fils authentiques de ce pays qui peuvent apporter énormément au développement de notre pays.
Est-ce qu’à ce rythme on aura une opposition au Sénégal ?
Il y aura toujours une opposition au Sénégal. Idy est arrivé 2e à l’élection présidentielle et Sonko 3e. Ce dernier a déclaré qu’il n’est pas intéressé par l’appel du président Sall. Donc, Sonko va rester dans l’opposition et va fédérer autour de lui un certain nombre de leaders de l’opposition. Donc, nous aurons toujours en face du camp Macky Sall un autre camp opposé.
Est-ce que vous ne craignez pas qu’il n’y est un effritement de la majorité qu’on est en train de rechercher au profit de cette opposition ?
Frustrations au sein de la majorité présidentielle, très certainement. Le président veut une nouvelle majorité et nous, nous proposons au président de dissoudre BBY et de créer un cadre beaucoup plus élargi, beaucoup plus représentatif de tous ceux qui viennent travailler avec lui.